A Cavaillon, on remonte 750 ans en arrière à la création du Comtat Venaissin
Publié le
« C’est un tableau que tout le monde cherchait depuis le début du XXe siècle. Il avait disparu lors d’une vente aux enchères en 1912 », retrace Olivier Morand, commissaire de l’exposition sur Nicolas Mignard, à l’Hôtel Puyricard-d’Agar. La toile dont il parle, c’est le portrait du roi Louis XIV, lors de son passage en Avignon, en 1660. Elle a été redécouverte très récemment, là encore lors d’une vente aux enchères. « C’est un des premiers portraits officiels du roi. Il est âgé de 22 ans. C’est aussi le premier portrait du roi que Nicolas Mignard va réaliser et cela va bouleverser sa vie », poursuit Olivier Morand.
Le peintre, jusqu’alors établi en Provence, va s’installer à Paris, appelé par Mazarin. Pendant huit ans, il va y travailler et son ultime chantier sera l’appartement personnel de Louis XIV aux Tuileries. Si ce tableau du Roi-Soleil a pu être retracé, d’autres toiles de Nicolas Mignard demeurent introuvables. « En tout, on a recensé 47 portraits perdus de Nicolas Mignard, connus grâce à des gravures », avance Olivier Morand. Quelques-uns sont évoqués dans cette exposition, juste à côté d’un authentique portrait de la marquise de Ganges. L’exposition « Nicolas Mignard ! Provence : 1631 – 1660 » est visible jusqu’au 5 octobre, à l’Hôtel Puyricard-d’Agar.
Un unicum lié au premier pape d’Avignon
Dans l’autre bâtiment historique de la place Philippe de Cabassole, la famille Morand consacre une salle entière à l’histoire du Comtat Venaissin, fondé en 1274, il y a 750 ans très exactement. Cette terre où les papes se sont installés, ne fut rattachée à la France qu’en 1791. Le Département de Vaucluse fut créé après, en 1793. De multiples objets ornant cet espace constituent autant de témoins de cette époque. On peut voir des sceaux de l’université d’Avignon, la plus grande carte connue du Comtat Venaissin, des textes de loi sur la protection des Juifs au sein du Comtat ou encore un fragment du sarcophage de Philippe Cabassole, secrétaire des papes et meilleur ami de Pétrarque. Plusieurs portraits et textes de ce dernier sont également visibles.
« Nous avons un document rarissime : un poids en bronze de Clément V, le premier pape d’Avignon. C’est le seul que l’on connaisse », s’enthousiasme Olivier Morand. Le portrait d’Innocent VI constitue aussi une pièce inédite, dénichée chez une famille de bateliers. Sans oublier une enluminure de 1368 représentant le pape Urbain V, recevant le Sicut Judaeis des mains de Philippe Cabassole. Au-delà de la papauté, cette salle fait apparaître une autre dimension du Comtat Venaissin : « Ce territoire a été un carrefour artistique, intellectuel, politique et administratif. Plein de modèles et d’idées ont été pensés ici du XIVe au début du XVIe siècle », conclut notre guide.
Exposition « Nicolas Mignard ! Provence : 1631 – 1660 », à l’Hôtel Puyricard-d’Agar, 240 Grand’Rue, à Cavaillon. Exposition « COMTAT VENAISSIN ! (1374 -2024) », à l’Hôtel d’Agar, 65 place Philippe Cabassole. Uniquement lors de visites guidées sur réservation à partir de la billetterie en ligne. Ouvert du mardi au samedi. www.hotel-dagar.com.
L’hôtel d’Agar, de cabinet médical à cabinet de curiosités
Une année entière ne suffirait sûrement pas pour présenter les 30 000 œuvres conservées à l’Hôtel d’Agar. Dans ce lieu unique au cœur de Cavaillon, toutes les époques et supports s’entremêlent. Comme dans la caverne d’Ali Baba, les 37 salles ouvertes au public sont chargées de moult objets. Le bâtiment en lui-même est riche en histoire. Il s’agit d’un hôtel particulier construit sur les ruines de la ville grecque et romaine. Acheté il y a 27 ans par Christian Morand et sa femme Véronique pour y établir leur cabinet médical, l’Hôtel d’Agar est maintenant entièrement consacré aux collections, qui comptent deux Caravage ! Mais les lieux n’ont pas fini d’évoluer. Le couple Morand et ses fils, Guilhem et Olivier, ont encore bien des projets à mener. Depuis quelques temps, un second site a ouvert : l’Hôtel Puyricard-d’Agar, là où est visible l’exposition sur Nicolas Mignard.