culture
Eugène Pascal, l’artisan du Avignon moderne
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C’était le temps des grands bouleversements urbains et, en quelque sorte, de l’invention de la ville moderne. A Paris, le baron Haussmann éventrait gaiement les vieux quartiers pour donner naissance aux immenses boulevards bordés de hauts immeubles qui quadrillent aujourd’hui encore la capitale. Ses émules furent nombreux. En ce milieu de XIXe siècle, partout en France, des villes qui n’avaient guère changé depuis plusieurs siècles furent saisies par une fièvre d’aménagement sans précédent. A Avignon, le grand artisan de cette transformation spectaculaire s’appelle Eugène Pascal. Un architecte infatigable, auquel l’historien d’art Raphaël Mérindol rend hommage dans un ouvrage éponyme qui vient de paraître aux éditions Cardère. Avec l’aide notamment des Archives départementales de Vaucluse, l’auteur retrace le parcours de cet homme dont l’histoire familiale (son père était entrepreneur en bâtiment) le prédestinait à la charge d’architecte municipal. Sous l’égide du maire Pierre Pamard, Eugène Pascal conduisit une série de chantiers qui allaient changer le visage de l’ancienne capitale de la chrétienté, presque mise sous cloche depuis la fin du Moyen-âge.
Avignon : percement de la rue de la République vu de la gare. (cliché de duplication provenant de la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites). Photo : Edouard Baldus.
La rue de la République, le jardin des Doms, les halles, c’est lui
Le percement de la très haussmannienne rue Bonaparte (aujourd’hui rue de la République) à partir de 1857, c’est lui. L’agrandissement de la place de l’horloge, encore lui. La création du jardin du rocher des Doms, de la place Pie et des halles, toujours lui. Autant de travaux titanesques qui n’ont pas manqué à l’époque de soulever des fortes oppositions. Pourtant, tout au long de sa carrière, Eugène Pascal sut trouver un point d’équilibre entre modernité (l’éclairage public, la création d’égouts) et l’entretien de ce que l’on n'appelait pas encore le patrimoine (la restauration des remparts d’Avignon et de Notre-Dame de Bonrepos à Montfavet par exemple). Son amitié avec Viollet-le-Duc, le héraut de la préservation du patrimoine au XIXe siècle en témoigne. Au cœur de nombreuses batailles politiques de son vivant, Eugène Pascal fut couvert de louanges à sa mort, en 1884. Il n’était plus, depuis longtemps déjà, l’architecte municipal d’Avignon, mais le temps avait fait son œuvre. Et, déjà, on reconnaissait en lui l’une des figures importantes de l’histoire de la ville.
« Eugène Pascal, architecte », de Raphaël Mérindol, aux éditions Cardère, 23 €.