Archéologie

L’histoire d’Orange commence maintenant au Néolithique !

Sur le futur tracé de la déviation d’Orange, un site funéraire datant de plusieurs milliers d’années avant notre ère a été identifié. Il vient de faire l’objet d’une fouille préventive réalisée par les archéologues du Département. De précieuses découvertes ont été mises au jour.

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La ville d’Orange est réputée pour son théâtre antique, son arc de triomphe et ses vestiges romains. Mais les premières traces de vie remontent bien plus loin, à plusieurs milliers d’années avant notre ère. C’est ce que les archéologues du Département de Vaucluse ont constaté lors d’une fouille préventive menée à l’écart de la ville depuis le 16 mai. Le site archéologique est même plus ancien que ce qu’ils pensaient. Lors de la phase de diagnostic menée en 2020-2021, il avait été considéré comme datant de la fin de l’âge du Bronze, soit 1 000 ans avant notre ère. « Au fil de nos investigations, on a découvert qu’il remonte en fait aux phases finales du Néolithique, plutôt entre 3 600 et 2200 ans avant notre ère  », dévoile Emilie Fencke, responsable du service départemental d’archéologie. Les datations doivent encore être affinées lors de la phase post-fouilles. Mais cela l’érige comme le site archéologique le plus ancien connu sur la commune d’Orange. « L’histoire de la ville d’Orange fait un énorme bond dans le temps. On ne connaît presque rien des habitats de la fin du Néolithique sur ce secteur », ajoute-t-elle.

Les fouilles se sont déroulées au lieu-dit « La Baussenque », sur une emprise de 1 200 m2, là, où se trouvent les traces d’un monument funéraire. Il se présente comme une aire de 20 mètres de diamètre environ, cerclée d’une couronne de galets et de grandes dalles, qui présentent toutes un pendage incliné vers l’intérieur du monument. Sans doute reposaient-elles sur un monticule de terre, un tertre, qui rendait le monument visible de loin dans la plaine. Au centre, une fosse recouverte de pierres amoncelées et renfermant des ossements humains, des perles dans un gobelet et près de l’une des parois, une douzaine d’armatures de flèches tranchantes. Ces éléments évoquent clairement l’époque néolithique (entre 6 000 et 2 200 ans avant notre ère). « Sur le site, on a cinq ou six personnes inhumées. Trois ou quatre dans l’aire centrale, et deux dans des sépultures périphériques  ». Dans les sépultures fouillées à l’extérieur du monument, ont aussi été retrouvées une petite perle en os, typique des parures du Néolithique, et une dalle de couverture en sept morceaux.

 

 

Une découverte surprise à la fin des fouilles


Les vestiges, longtemps enfouis, sont en plus ou moins bon état. Les sédiments ne sont pas propices à la bonne conservation des ossements, qui ont aussi été altérés par les remontées fréquentes de la nappe phréatique. Cela n’a pas empêché les équipes de faire une ultime découverte lors des derniers jours de fouille : un dépôt de six vases en céramique. Les archéologues du Département, munis de leurs spatules et divers outils, les révèlent petit à petit. « Cela témoigne peut-être symboliquement de la condamnation du monument funéraire à la fin de l’une des phases d’utilisation que nous avons identifiée  », estime Emilie Fencke. A l’issue de cette phase de collecte de données, elle présage que le site a connu au moins trois étapes historiques importantes.


Après un mois et demi, les fouilles sont sur le point de se terminer. Elles ont permis d’enrichir les connaissances historiques et scientifiques. C’est tout l’enjeu de l’archéologie préventive, qui est au cœur des missions du service départemental d’archéologie. Dès septembre, la zone sera recouverte par les travaux de la future voie de contournement du centre-ville à l’Est d’Orange, sur une section de 3,1km, entre le giratoire de Coudoulet sur la RN 7 et la RD 975 (route de Camaret). Ces travaux d’envergure ont un double objectif : améliorer le transit routier mais aussi délester le centre-ville où circulent près de 15 000 véhicules par jour, dont 10% de poids-lourds.  

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Que vont devenir les vestiges et les prélèvements ?

Même si la future déviation va couvrir le site archéologique, sa mémoire demeurera grâce à toute la documentation constituée par les archéologues : photographies, photogrammétries, relevés topographiques, prélèvements, collecte du mobilier… « On réunit un maximum de données pour répondre aux questions que l’on se pose. Plusieurs mois d’études vont suivre, confiées à différents spécialistes », explique Emilie Fencke. L’ensemble rejoindra bientôt Memento, le futur Pôle des patrimoines de Vaucluse, dont l’ouverture est prévue à l’horizon 2025 à Avignon Agroparc.

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