Archéologie

Un quartier du Moyen Âge découvert au Thor

Le sol renferme les vestiges de vies passées. Certains restent en terre, d’autres se dévoilent grâce aux chantiers de fouille, comme en ce moment au Thor. En plein centre-ville, à quelques pas du château, des traces d’habitat médiéval viennent d’être mises au jour par les archéologues du service départemental.

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Depuis le 3 septembre, une zone de 1 300m² en plein centre-ville du Thor fait l’objet d’un chantier de fouille préventive en plein centre-ville du Thor. Huit archéologues du service départemental de Vaucluse passent le périmètre au peigne fin, ou plutôt à la truelle, à la recherche de vestiges. Les premières découvertes ne se sont pas fait attendre. L’équipe a décelé des traces d’occupation qui pourraient remonter, pour les plus anciennes, à l’époque carolingienne (IX-Xe siècles). Guilhem Baro, archéologue qui dirige le chantier, l’explique : « On a découvert des maçonneries construites en arêtes de poissons qui dateraient du XIe ou XIIe siècles. Mais sous ces murs, on a trouvé quelque chose de très intéressant: des vestiges de maisons en bois de premières communautés qui se seraient installées là, en bordure de la Sorgue, peut-être autour de l’an 1000. » 

Pour avancer cette temporalité, les archéologues s’appuient sur la technique de datation par carbone 14. Le bois millénaire analysé a été bien conservé dans les niveaux tourbeux saturés en eau. « On ne connaît pas encore les essences de bois, un xylologue va les étudier. On aimerait aussi recourir à la dendrochronologie qui permet de dater les arbres à l’année près », détaille Guilhem Baro. Autre fait étonnant : lui et son équipe ont également exhumé la sépulture complète d’un équidé enterré dans la cour d’une maison. Reste encore à savoir s’il s’agit d’un âne ou d’un petit cheval. 
 


Une fenêtre sur l’histoire d’un quartier

Les archéologues ont aussi trouvé des fragments d’os d’animaux témoignant de rejets de cuisine, des fragments de céramique médiévale ou plus moderne... Tous les prélèvements faits sont ensuite lavés, étudiés et stockés au dépôt archéologique d’Avignon et bientôt dans le futur Pôle des patrimoines, Memento. 

Toutes ces découvertes vont contribuer à enrichir l’histoire de la commune du Thor de l’époque médiévale à nos jours, en croisant ces dernières observations archéologiques avec des sources archivistiques. « Très peu d’opérations archéologiques ont été réalisées au Thor. Avec cette fouille sur 1300m², on ouvre une fenêtre sur l’évolution d’un quartier entier. C’est rare d’avoir une vision sur un si grand espace », se réjouissent Guilhem Baro et son collègue, Raphaël Gagon. 
 


Une fouille jusqu’à mi-décembre

Les archéologues du service départemental ont topographié tous les murs. Ils se sont aussi rendu compte que plusieurs époques successives sont visibles sur le chantier de fouille. De nouvelles constructions ont été érigées sur les maçonneries plus anciennes en arêtes de poisson. Après une interruption dans la chronologie du XIVe au XVIIIe siècle, plusieurs séries d’habitations vont se succéder du XVIIIe siècle jusqu’à l’époque contemporaine.
 


Cette fouille au Thor durera plus de trois mois et s’achèvera mi-décembre. Elle laissera place à un autre chantier de construction de logements sociaux cette fois. C’est le principe-même des fouilles préventives « qui sont effectuées lorsqu’il y a un projet d’aménagement sur une parcelle, susceptible de détruire des vestiges. Ici, le diagnostic mené l’année dernière a montré qu’il y avait des vestiges médiévaux très bien conservés. Donc les services de l’Etat ont prescrit une fouille sur une grande partie de la parcelle », poursuit Guilhem Baro. Grâce à cela, les archéologues peuvent documenter et mieux comprendre les modes de vie multiséculaires avant de laisser place à de nouveaux appartements.