Patrimoine
Ces Vauclusiens ont œuvré à restaurer Notre-Dame de Paris
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La cathédrale rouvre ses portes après une longue restauration. Des hommes et des femmes de tous les corps de métiers, et de toute la France, ont participé à sa reconstruction, notamment la lustrerie Mathieu. Installée à Gargas, non loin d’Apt, elle a remporté la consultation lancée par l’établissement public « Rebâtir Notre-Dame de Paris », maître d’ouvrage du chantier de restauration, sur la base des études effectuées par les architectes en chef des monuments historiques, maîtres d’œuvre, pour la restauration d’une quinzaine de lustres monumentaux, de deux grands candélabres, de six lampes de sanctuaire et de soixante-neuf bras de lumière des collatéraux et du déambulatoire. Soit une centaine de pièces au total.
« On voulait les livrer comme si Viollet-le-Duc les recevait neufs »
De longues semaines de travail entre les mains expertes des compagnons vauclusiens ont permis de leur redonner tout leur faste. « Les lustres étaient très abîmés à cause du feu, des gravats, de la chute. Il a fallu trouver un protocole de restauration. Il y a eu un premier essai qui n’allait pas. Alors on a eu envie que les lustres reviennent comme si Viollet-le-Duc(NDLR: architecte qui a restauré Notre-Dame au XIXe siècle) les recevait neufs. Il faut que ça attire la lumière, comme des étoiles qui guident vers le haut, la spiritualité », témoigne Régis Mathieu, gérant de la lustrerie familiale. Tout l’été, les visiteurs ont pu admirer, au sein de l’atelier vauclusien, ces bijoux resplendissants, avant qu’ils ne retrouvent les hauteurs de la cathédrale gothique.
Régis Mathieu et sa fille, Inès étaient présents au week-end inaugural de Notre-Dame ces samedi 7 et dimanche 8 décembre, à Paris. Pour eux, c’est une immense fierté d’avoir contribué à rebâtir cette Dame de pierre. Ce chantier revêtait une dimension spéciale : « Il fallait trouver le juste niveau de restauration qu’imposait une cathédrale «neuve », qui a bien failli être détruite. Tous les métiers ont été sollicités au fil des étapes : dépollution au plomb, restitution ou recréation des pièces, le réassemblage, l’électricité. »
30 000 heures de travail pour restaurer le grand orgue
De l’autre côté des Monts de Vaucluse, à Saint-Didier, l’Atelier Quoirin a aussi apporté sa pierre à ce chantier d’ampleur. Il est mandataire du groupement de trois entreprises désignées à l’été 2021, après appels d’offres émis par l’établissement public Rebâtir Notre-Dame de Paris, maître d’ouvrage du chantier, sur la base des études réalisées par la maîtrise d’œuvre, pour la restauration du grand orgue de Notre-Dame de Paris. Dans ce cadre, elles se sont réparti les travaux selon les spécialités de chacune. En clair, la Scop (Société coopérative et participative) vauclusienne a été le chef d’orchestre du démontage jusqu’au remontage de l’instrument et a coordonné les autres entreprises sur les différents travaux.
« On avait déjà restauré l’orgue entre 2012 et 2014. Quand il y a eu l’incendie, on a été réquisitionnés pour démonter l’orgue vu qu’on le connaissait déjà », explique Laurent Mesme, qui dirige l’atelier Quoirin avec Christelle Armand. Presque miraculeusement, ni les flammes ni les lances à eau des pompiers n’ont atteint cet orgue monumental aux 115 registres et près de 8 000 tuyaux. Néanmoins une remise en état était nécessaire. L’effondrement de la voûte pendant l’incendie a soulevé un énorme nuage de poussière qui a recouvert l’orgue. Une fois la partie instrumentale et le buffet nettoyé, les pièces sont parties se faire dorloter dans les différentes entreprises. « 30000 heures de travail ont été nécessaires au total. Nous, à l’atelier Quoirin, on a restauré la mécanique de notes, de jeu et la partie électronique », poursuit Laurent Mesme.
Le chantier fut long et le Vauclusien en a mesuré l’ampleur et l’émotion lorsque les premiers sons de l’orgue ont résonné au bout de quatre années de labeur. On l’a entendu de nouveau ce week-end lors de la réouverture en grande pompe, en présence d’une centaine de personnalités conviées par l’Elysée et notamment des chefs d’Etat. Laurent Mesme y été. Déjà le week-end précédent, le président de la République française avait visité la cathédrale et avait remercié tous les acteurs ayant œuvré à la rebâtir.
Le bureau d’études avignonnais Calvi Etudes a également participé au chantier de Notre-Dame en partageant son expertise sur les travaux de charpente.