Evelyne CREGUT-BONNOURE
Je suis devenue paléontologue suite à trois passions d’enfance. La géologie d’abord, je ramassais les pierres et questionnais mon entourage pour tout savoir sur elles. Les animaux ensuite, je voulais être vétérinaire et enfin l’archéologie car j’étais très attirée par la préhistoire», lance tout de go Evelyne Crégut-Bonnoure. Cette paléontologue, spécialiste des fossiles des êtres vivants (animaux, humains, végétaux...), aime varier les plaisirs et ne manque pas de dynamisme, son parcours en témoigne. Un bac philo en poche, retour à ses passions d’enfance par le biais de la géologie et une spécialisation dans les plateformes carbonatées, structures géologiques formées par la sédimentation de calcaire. Un cursus scientifique (biologie/géologie)qui n’offre, à l’époque, que très peu de débouchés pour une femme, sauf dans le domaine pétrolier. « Rester au labo pour étudier au microscope les structures sédimentaires ,très peu pour moi !, avoue sans langue de bois Evelyne Crégut-Bonnoure. Je me suis donc dirigée vers un diplôme d’études approfondies, suivi d’une thèse de 3e cycle en paléontologie des grands vertébrés. J’ai travaillé sur le site de la Caune de l’Arago dans les Pyrénées-Orientales, où l’on avait trouvé les plus anciens restes humains de France. On a appelé cet ensemble de fossiles L’homme de Tautavel, un site majeur de la Préhistoire. J’en ai étudié la faune dans le laboratoire du professeur Henry de Lumley en 1979, j’avais alors 26ans », se souvient-elle. Dans la foulée, elle valide son inscription sur la liste d’aptitude des conservateurs des musées historiques.
Une démarche qui lui ouvre aussitôt les portes du Musée d’Histoire Naturelle d’Avignon où la paléontologue hyperactive occupe, entre 1991 à 2017, les fonctions de chef de service et conservatrice en chef. Elle enchaîne expos, colloques nationaux et internationaux ,publications et bon nombres d’activités intégrées au volet scientifique de son poste. En 2002, elle soutient sa thèse de doctorat d’État ès science avec Claude Guérin, paléontologue, vertébriste et enseignant-chercheur à l’université Claude Bernard-Lyon 1, son mentor. Elle ne délaisse pas pour autant les fouilles et va même, malgré ses appréhensions, se lancer dans l’aventure de la spéléologie. « Jusqu’en 2006, j’ai travaillé sur trois avens du flanc nord du Ventoux, ces puits naturels creusés dans la roche. Une chance, car en Europe, c’est la plus grande concentration de restes d’ours brun du Néolithique jusqu’au Moyen Age ».
Aujourd’hui, Evelyne Crégut-Bonnoure en a fait une autre de ses spécialités et fait partie de la Fédération Française de Spéléologie. Elle est aussi présidente de l’association des amis du Musée Requien et vice-présidente de la Société d’Études des Sciences Naturelles de Vaucluse. « Travailler dans un musée d’Histoire Naturelle ,c’est extrêmement riche. Il faut s’ouvrir à toutes les disciplines et avoir un spectre de connaissances très large. Depuis ma retraite en 2017, je n’arrête pas, c’est un métier passion. Je continue les conférences grand public, les publications, j’en ai 310 à mon actif et pratique la spéléologie et bien sûr les fouilles. La paléontologie, ça conserve ! »
Ses chantiers phares
- 1997-2006 : fouille de quatre avens sur le flanc nord du Ventoux (Brantes), plus important corpus de squelettes d'ours bruns connus en Europe, datant du Néolithique au Moyen Âge, suivie d'une exposition" L'Ours, dernier géant de la préhistoire ".
- 2007-2019 : fouille de l'aven du Coulet des Roches(Monieux), où a été découverte une faune de la fin des temps glaciaires jusque-là inconnue en région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
- De 2017 à aujourd'hui : fouille de l'aven des Planes(Monieux).