Comprendre le masque acrotère d’Hercule d’Orange
Sur le visage ovale sans socle, la partie nue est marquée par des pommettes saillantes et des volumes doux autour de la bouche. Les yeux grands ouverts creusés d'un trou de foret sont soulignés par des paupières ourlées et épaisses, ainsi que par des sourcils très marqués en forme de demi-cercle. La coiffure est constituée par deux rangées de boucles en accroche-cœur surmontant le front large et marqué par deux rides et par deux rangées de trois anglaises séparées par dessillons assez profonds, sculptées de part et d'autre du visage. Une barbe et une moustache épaisses couvrent la partie basse du visage. La bouche grande ouverte semble pousser un cri. Le haut de la coiffure est brisé, mais un détail conservé de son couvre-chef sert à identifier le personnage. Sur sa tempe droite, on distingue une grosse canine et trois molaires, ce qui reste de la dentition d'un lion, plus exactement d'une peau de lion. Il s'agit donc d'Hercule coiffé de la léonté, peau de lion qu'il s'appropria lors du premier de ses travaux, son combat contre le lion de Némée. Hercule se trouve fréquemment représenté sur les monuments funéraires en Gaule : le fait qu'il ait vaincu plusieurs fois la mort renforçait l'espoir d'immortalité des défunts dont il gardait les tombeaux. Ce masque appartient à une série d'acrotères découverts en 1999 sur les parcelles voisines appartenant également à la nécropole de Fourches-Vieilles. Ces objets ornaient probablement la partie haute de monuments funéraires appelés mausolées ; ils pouvaient être simplement posés sur le monument ou scellés à ce dernier, comme le suggère la présence d'une mortaise sur la face arrière de cet exemplaire. Cet objet remarquable est aujourd'hui exposé au Musée d'art et d'histoire d'Orange.
Visuel haut de page : © CCJ - CNRS - Loïc Damelet - Musée d’Orange