Le site médiéval de la Tour d’Argent à L’Isle-sur-la-Sorgue
Le site médiéval de la Tour d’Argent à L’Isle-sur-la-Sorgue
L’Isle-sur-la-Sorgue est une ville relativement récente, créée au XIe siècle dans la plaine du Comtat Venaissin, pour tirer profit de la force hydraulique émanant de multiples bras de la Sorgue. Ville industrieuse, essentiellement tournée sur l’activité textile, sa surface urbanisée se développe de façon rapide pour atteindre une taille correspondante à l’actuel centre historique dès la fin du XIIe siècle. En 1200, elle est, après Avignon, la deuxième agglomération du secteur, située en terre d’Empire, sous la suzeraineté partagée des comtes de Toulouse et de Forcalquier. La richesse de l’Isle bénéficie en premier lieu à une aristocratie pléthorique qui trouve la formule politique du consulat seigneurial pour répondre aux besoins de gestion de la cité. Avec le début de la croisade des Albigeois et ses répercussions locales, s’ouvre une période troublée qui va entrainer de profondes mutations sociologiques dans l’aristocratie. L’apaisement vient avec le rattachement définitif de L’Isle et du Comtat aux états pontificaux en 1274.
Au XIIe siècle, la transcription architecturale de la coseigneurie locale est l’érection de tours ou de maisons fortes, dont nombre de vestiges sont encore conservés dans le tissu urbain. Depuis plusieurs années, le Service départemental puis la direction du patrimoine de la ville effectuent diverses recherches archéologiques et historiques sur le site de la Tour d’Argent, implanté au cœur de la cité et destiné à une réhabilitation en pôle culturel. Le lieu tire son nom d’une tour médiévale, construite vers la fin du XIIe siècle, dominant au nord un ensemble complexe de bâtiments médiévaux venant d’être explorés par une campagne de fouille préventive réalisée au printemps 2022.
Les récentes investigations (dont la phase d’étude est en cours), permettent une première synthèse de dix ans de recherches sur ce lieu. À l’origine, le site est bordé à l’est par un bras naturel de la Sorgue et aucune trace d’occupation n’est perceptible avant l’extrême fin du XIe siècle. Dans la première moitié du XIIe siècle, des bâtiments rectangulaires assez longs sont implantés progressivement en retrait par rapport au lit majeur de la rivière. De diverses hauteurs, ces constructions semblent faire fonction d’habitations et d’ateliers artisanaux. Etonnamment, à partir du milieu du XIIe siècle, ces bâtiments plutôt fonctionnels voisinent des édifices édilitaires dont l’érection semble s’accélérer à la fin du siècle. C’est à cette époque que s’élève la fameuse Tour d’Argent, couverte d’une remarquable coupole octogonale nervurée, conforme aux canons de l’architecture du second âge roman provençal. Plus au sud, dans un alignement similaire, une autre tour bien plus modeste est également bâtie sur une bande de terrain gagnée sur le bras de rivière, désormais transformé en canal.
Une transformation d’importance intervient sur le parcellaire dans les dernières décennies du XIIIe siècle. Les grands bâtiments du XIIe siècle sont abattus pour faire place à de nouvelles constructions positionnées en bordure du canal ou au centre de l’îlot, tout en préservant des vides dans le tissu urbain, caractérisés par deux cours au nord et à l’ouest ainsi qu’un jardin au sud.
Visuel haut de page : Essai de restitution de la Tour d’Argent au XIIIe siècle - François Guyonnet -
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