Vénus, Cérès ou bien Junon ?
Vénus, Cérès ou bien Junon ?
Ce modèle du drapé à tunique ceinturée est souvent utilisé pour les statues féminines, idéales et iconiques, à partir de la deuxième moitié du Ier siècle et au cours du IIe siècle de notre ère. L'originalité de l'exemplaire de Vaison-la-Romaine réside dans la position surélevée du bras gauche de la statue, qui laisse penser au port d'un attribut dans la main, ce qui est répandu dans la représentation des divinités féminines. Le mouvement des mèches de cheveux et leur disposition sur les épaules sont aussi des indices précieux. " Contrairement aux matrones romaines de bonnes familles qui avaient les cheveux attachés, on aperçoit quelques mèches sur la nuque à ras de la cassure. Ses cheveux détachés indiquent donc que c'est une divinité ou une déesse. "Cette statue présente de nombreuses similitudes avec l'iconographie de certaines divinités féminines, telles que Vénus, Cérès, ou bien Junon, déesse matronale par excellence puisque, épouse de Jupiter, elle est à l'origine d'une dynastie divine. Particulièrement populaire en Gaule, elle est souvent représentée avec un chiton noué à la taille, le bras gauche levé et tenant un sceptre.
Une découverte capitale pour Vaison-la-Romaine
La présence de la stola constitue un repère chronologique très précis si l'on considère que cet attribut n'est plus représenté après l'époque julio-claudienne(entre -27 et 68 ap. J.-C.). " Cette statue date de la fin du premier siècle, en pleine période de développement de l'Empire romain et de pleine prospérité pour Vaison-la-Romaine. La statue reposait à plat sur un amas d'objets cultuels variés et bien conservés. C'est de toute évidence le nettoyage d'un sanctuaire ou le rite d'un abandon de culte ", précise Anaïs Roumégous .Parmi les vestiges retrouvés figurent un autel miniature, quatre autels votifs, des petites lampes, céramiques et autres pièces de monnaies. " On a aussi retrouvé un foyer d'offrandes carbonisées que l'on a fait analyser. Il y avait des restes de végétaux, grenades, raisins, figues et une pâte alimentaire, du pain ou de la galette. Il s'agit d'un rite de désacralisation. Nous sommes donc aux environs d'un temple ou d'un sanctuaire, dans un lieu où cette statue aurait été mise au rebut pour une raison que l'on ignore ". Autant dire que la découverte de la statue est exceptionnelle à plus d'un titre. " À l'échelle de l'histoire de Vaison-la-Romaine, cela nous amène de nouveaux éléments car jusqu'ici nous ne savions pas où se terminait exactement la ville au nord." Cette découverte permettrait donc de délimiter la fin de l'agglomération antique. " On estime qu'à Vaison-la-Romaine, on ne connaîtrait seulement qu'un quart de la surface de la ville antique. On a envie d'en savoir toujours plus ! ",conclut Anaïs Roumégous.
Visuel haut de page : Vue de détail de la tunique-chiton plissée et boutonnée sur le bras droit. - © Atelier Bouvier - Christine Goubert