Des fossiles loin d’être ennuyeux au Château du Barroux

On ne peut réprimer un « Waouh » en arrivant dans la salle de la Garenne, là où se dresse un mur de 12 mètres de long couvert de plus de 300 ammonites. Vous savez, ce fameux mollusque fossile à coquille dans lequel s’enroule le regard des visiteurs. Entre œuvre d’art et machine à remonter le temps, ce mur laisse pantois. Il fait partie de la nouvelle exposition permanente du Château du Barroux consacrée à « ces merveilleux monstres de pierre et leurs drôles d’inventeurs ». Dans trois salles, sont entreposés certains des plus beaux fossiles régionaux de la collection de Luc Ebbo, qui a son musée « la Paléogalerie », à Salignac (Alpes-de-Haute-Provence).

Loin des préjugés poussiéreux parfois associés au monde minéral, cette exposition provoque l’émotion avec une scénographie très travaillée, jouant avec l’ombre et la lumière. Les squelettes reconstitués d’un plésiosaure se battant avec deux ichtyosaures en sortent magnifiés. En face de cette scène de chasse, le public peut admirer une palette natatoire (équivalent de la nageoire du poisson mais chez certains animaux subaquatiques) d’un pliosaure. Avec son humérus et ses phalanges, l’ensemble atteint 2,5 mètres. Une dimension colossale qui laisse imaginer la masse de ces animaux éteints depuis des dizaines de millions d’années. 

Un jeu de piste sur la trace des animaux fantastiques

Bien qu’impressionnants, ces fossiles demeurent immobiles. Avec ses pinceaux, l’artiste animalière Sandrot, déjà exposée au château du Barroux auparavant, parvient à leur redonner corps et regard. Sur quelques pans de murs séculaires, cette faune d’une autre ère semble revivre et parfois même observer le public qui déambule sur le parcours de visite. Particulièrement les enfants qui ont pour mission de trouver les animaux fantastiques durant un jeu de piste qui sillonne tout le site. 

La dernière pièce s’apparente davantage à un cabinet de curiosités, avec l’atelier de préparation des fossiles visible à l’arrière. Pour faire émerger de la rocaille les vestiges de créatures très anciennes, des heures de travail sont nécessaires. Les visiteurs les plus épris de paléontologie pourraient eux aussi passer un bout de temps dans ce bestiaire remontant loin sur la frise chronologique de la vie terrestre.

Nouvelle exposition permanente « Ces merveilleux monstres de pierre et leurs drôles d’inventeurs », visible au Château du Barroux, chemin la Garenne. Ouvert tous les jours de 10h à 18h. www.chateaudubarroux.com

L'histoire du Château du Barroux
Construit au XIIe siècle, le château du Barroux a traversé les époques. Après la Révolution, il est abandonné et sert de carrière de pierres pendant près de 150 ans. Les ruines furent rachetées en 1929 par André Vayson de Pradenne qui reconstruit l'édifice avec ses moyens. Mais il décéda 10 ans plus tard, à l'aube de la Seconde Guerre Mondiale où le château fut incendié par les troupes allemandes. L'association des Amis du Château entreprendra plus tard de sauvegarder ce patrimoine. Depuis 2020, Jean-Baptiste Vayson (descendant d'André) et sa femme, Fanny, rénovent et réinvestissent les lieux pour les ouvrir au public toute l'année. Ils ont également créé une distillerie et travaillent aujourd'hui à l'élaboration d'un whisky à base de petit épeautre de Haute-Provence.