Archéologie

Une rue dallée romaine découverte à Vaison-la-Romaine

Le fastueux passé romain de Vaison-la-Romaine n’est plus à prouver. Les vestiges antiques font la renommée de la ville. Encore aujourd’hui, on n’est jamais à l’abri de faire de nouvelles découvertes. Le service d'archéologie du Département en a encore eu la preuve pendant les travaux réalisés actuellement par la commune !

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A Vaison-la-Romaine, quand on creuse, on a de fortes chances de découvrir des vestiges antiques. Alors quand la commune a décidé de refaire l’ensemble de ses réseaux pour séparer les eaux usées du pluvial, elle savait qu’il fallait faire preuve de précaution. Dès que s’ouvre une nouvelle tranchée, les archéologues du Département de Vaucluse interviennent sur place pour assurer un suivi archéologique des travaux de réseaux. « On a appris à travailler ensemble avec la Ville et les entreprises chargées des travaux. Ça se passe très bien », assure Jean-Marc Mignon, archéologue du Département, qui chapeaute le suivi des travaux. Cela fait maintenant six ans que ce chantier sur les conduites souterraines a débuté. Il se déroule tronçon par tronçon.  

Une rue dallée romaine mise au jour

Depuis plus d’un mois, l’attention se porte sur le quai Pasteur, dans le centre-ville. Une longue tranchée a été creusée le long de cette allée, qui part de l’avenue Jules-Ferry. A environ un mètre de profondeur, a été mise au jour une rue dallée romaine s’inclinant en direction de l’Ouvèze. Il s’agit d’un aménagement typique des villes antiques avec de grandes dalles en pierres dures choisies pour résister aux intempéries et aux passages répétés. Elles sont identiques à celles trouvées le long de l’avenue Jules-Ferry, appartenant à une autre rue dallée antique, et présentent des formes irrégulières pour justement éviter la dislocation. « On voit quand même que certaines pierres ont subi le gel et ont éclaté, note Jean-Marc Mignon. Ce sont des pierres très lourdes qui nécessitaient une mise en œuvre mécanisée. Elles ont été extraites des carrières situées en rive gauche de l’Ouvèze, amenées sur le chantier en charrette, puis déchargées avec des grues. On aperçoit bien au centre des pierres les trous caractéristiques de l’utilisation d’un outil qui s’appelle la louve, qui permettait de lever les pierres. » 

 

 

Preuve qu’environ 2 000 ans en arrière, nos ancêtres bâtisseurs ne manquaient pas d’ingéniosité. D’ailleurs, la chaussée est légèrement bombée afin de permettre l’écoulement des eaux. Sur le côté, est encore visible l’encoche où s’insérait la pierre saillante qui servait à la fois de caniveau, de bordure de trottoir et de chasse-roue. Le chantier devrait se poursuivre jusqu’au 20 décembre et n’a peut-être pas livré tous ses mystères. En attendant, Jean-Marc Mignon et Julien Charles, du service patrimoine de la Ville de Vaison-la-Romaine, sont à pied d’œuvre et jonglent entre lectures stratigraphique et planimétrique pour analyser ces pierres enfouies sous nos pieds depuis des siècles. 

Des avancées considérables pour comprendre la ville antique

Même si elles sont cantonnées à quelques tranchées, leurs découvertes permettent de mieux comprendre comment s’organisait la ville antique, à quels emplacements étaient les rues, les îlots de maisons, comment se développaient les différents quartiers… « La lecture du plan de la ville antique s’affine. Nos connaissances ont fait une avancée considérable. On voit que la ville antique de Vaison-la-Romaine s’est constituée au fil du temps. Elle n’obéit pas à des schémas coloniaux comme Orange. Ce ne sont pas des ingénieurs qui ont tracé la villeselon une trame régulière  », poursuit l’archéologue du Département. 

 

 

Avant de déceler cette rue dallée romaine, d’autres éléments importants ont été inventoriés au fil des chantiers. Dans le secteur du forum, dont une des portes principales a été découverte à l’automne 2023, ou bien aux abords du site de découverte de la "mosaïque aux oiseaux" (conservée au Musée municipal) dont on connaît désormais une partie du plan de la maison à laquelle elle appartenait. « Petit à petit, on complète les pièces du puzzle », se réjouit Jean-Marc Mignon.